Conférence donnée par Monique Dacquin, le mercredi 12 avril 2017, à la Maison Saint-Anthelme de Belley, sur "Le général de Boigne (1751-1830), Chambéry et l’Avant-Pays savoyard".

conf boigne 2D’emblée, notre conférencière de ce jour, présidente des 150 guides conférenciers du Patrimoine de Savoie, et ex-présidente des Amis du Vieux Chambéry, tient à préciser que la complexité du personnage et de son parcours, qui a suscité tant de jalousies, de ragots, de polémiques, voire même de procès, n’a pas contribué à en laisser une image claire et aisément compréhensible.

Benoît Leborgne est né le 8 mars 1751 à Chambéry, dans une famille de commerçants établis rue Tupin (actuelle place Saint-Léger), mais dont les origines ne sont pas savoyardes, avec notamment d’autres branches installées dans le proche Dauphiné. Après des études au collège royal de Chambéry, il est amené à quitter (fuir ?) Chambéry en 1768. Plusieurs hypothèses, voire légendes, sans qu’aucune ne puisse être avancée prioritairement, ont été évoquées par Monique Dacquin pour expliciter ce départ, semble-t-il, impromptu.

Suivent alors 28 ans d’un itinéraire de véritable aventurier. Fortement marquée par les rebondissements et les changements d’orientations, cette phase de la vie de Benoît Leborgne sera surtout, mais pas seulement, marquée par une carrière militaire. Une première période d’une dizaine d’années, pourrait correspondre à celle de sa formation dans différentes armées européennes. Il est ainsi engagé 2 ans dans un régiment irlandais attaché au royaume français. Puis il intègre l’armée russe de Méditerranée. Fait prisonnier par les Turcs, il sera même esclave 7 mois en 1774. Suivent quelques années peu remarquables, semble-t-il, où il est notamment en relation avec des Anglais, qui, vraisemblablement, lui décrivent alors un « pays de cocagne », l’Inde. Où il arrive, à Madras, en janvier 1778.

conf boigneSur le sol indien, convoité alors par de multiples intérêts, principalement européens, il va débuter la seconde période de sa vie militaire, la plus féconde. Au long de ces 18 ans, il va, en effet, savoir capitaliser sur l’expérience précédemment acquise, tant en matière de stratégie militaire, que de commerce. C’est à cette époque qu’il délaisse son patronyme d’origine, pour devenir de Boigne. Après avoir échappé au massacre général de 2 compagnies britanniques, il démissionne en 1782, pour rejoindre Calcutta. Dans un contexte quelque peu confus, il va, en décembre 1784, entrer au service d’un prince indien, Sindia, pour l’aider dans ses conquêtes des Indes septentrionales. Celui-ci, après lui avoir confié la formation de 2 bataillons « à l’européenne », lui donnera progressivement plus de responsabilités et de troupes, après les victoires d’Agra (1788) et de Patan. Peu avant que son « bienfaiteur » Sindia ne meurt (1794) – mystérieusement, ou dans une embuscade ? – de Boigne se trouve être à la tête d’une armée de 100 000 hommes. Parallèlement, en relation avec Claude Martin, un Lyonnais d’origine, il va développer un commerce d’indigo. Commence probablement une période d’incertitude et de préparation d’un retour en Europe, qui va durer jusqu’en novembre 1796, époque de son embarquement.......

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