Promenade culturelle et touristique en Tarentaise, joyau du baroque, le mercredi 7 juin 2017

tarentaise2L’inquiétude régnait au sein du bureau devant l’incertitude météorologique. Fallait-il ou non annuler un voyage pendant lequel ses participants allaient côtoyer les sommets ? Finalement il eut lieu et, pour notre plus grand plaisir, le ciel nous fut favorable en nous offrant un chaud soleil toute la journée.

Après un départ matinal le car emmène donc vers la Tarentaise un groupe réduit par quelques défections de dernière heure. La fermeture provisoire du tunnel du Chat imposait un détour par l’A 43 pour rejoindre Chambéry et la combe de Savoie. Notre organisatrice, Annie Sabran, commentait au passage les éléments importants du paysage et nous remémorait l’histoire de la vallée de l’Isère, son passé d’élevage, d’émigration et de mines et son présent tourné vers le tourisme. Le président signalait les ouvrages de défense établis à partir de 1875 au confluent de l’Isère et de l’Arc puis à celui de l’Isère et de l’Arly et enfin vers Bourg-Saint-Maurice. Il évoquait également en préambule les conséquences de la Contre-Réforme sur le patrimoine religieux de Savoie.

Une guide conférencière de la FACIM, madame Gotteland, nous attendait au village de Landry. Accueillante, aimable et connaissant parfaitement son sujet, elle rendit la journée passionnante et très instructive, sachant associer une présentation détaillée du patrimoine baroque avec l’histoire grande et petite du territoire.

Au milieu du XVIe siècle, la Savoie, comme le reste du monde catholique, est entrée dans le grand mouvement de rénovation inauguré par le Concile de Trente (1545-1563). Voisine d'une France touchée par le protestantisme et surtout de Genève, devenue le foyer du calvinisme, elle va constituer un bastion du catholicisme. L'action d'ordres religieux tels les Capucins et les Jésuites se révèle particulièrement efficace comme celle de Saint-François de Sales (1567-1622), évêque d'Annecy-Genève dont la spiritualité va profondément marquer la Savoie. D'autres prélats vont s'illustrer dans cette volonté de rénovation de l'Église ; en Tarentaise : Benoit de Chevron-Vilette (1633-1658), François Amédée Millier de Challes (1658-1703) et Claude Humbert de Rolland (1750-1770). La reconstruction des églises en Tarentaise et leur nouvel aménagement intérieur se fait un peu plus tardivement qu’ailleurs, de la seconde moitié du XVIIème siècle à la fin du XVIIIème. C’est le moment où l’art baroque est au cœur de la reconquête des âmes par la profusion des ornements et la création de décors et statues qui racontent aux fidèles les rudiments de l’histoire sainte.

Notre première visite était celle de l’église de Landry, dédiée à l’archange saint Michel et reconstruite en 1687. Le vieux cimetière qui l’entoure est plein de charme. On y découvre d’anciennes tombes ornées de ferronnerie ou de simples croix de bois sur lesquelles un cœur émaillé rappelle le souvenir du défunt. De l'édifice roman, il reste la tour clocher-porche avec ses fenêtres géminées et ses arcatures lombardes. Le toit se poursuit par un tambour octogonal, puis par un bulbe dominé par une flèche se terminant par une boule, la croix et le coq. L’extérieur de l’édifice est d’une grande sobriété qui contraste avec le décor intérieur. Il offre seulement une belle fresque de saint Michel peinte au-dessus du porche.

L’intérieur présente toute la gamme des ornementations baroques : des voutes très fleuries, des tribunes élégantes fermées d’une balustrade peinte en faux marbre, un décor floral abondant et surtout trois retables majestueux. Le retable majeur, dans le chœur, s’ordonne autour d’un tabernacle doré spectaculaire derrière lequel se développe une toile représentant saint Michel terrassant le dragon. De part et d’autre sur les parties latérales sont exposées d’un côté la statue de saint Pierre et, de l’autre, celle de saint Paul. L’autel moderne, en bois brut façon Vatican II, placé à l’avant, serait malvenu dans ce décor somptueux s’il n’était décoré d’un antependium en cuir décoré d’une grande finesse. Une poutre de gloire marque l’entrée du chœur et présente le Christ en croix autour duquel quatre angelots recueillent le sang sacré. Les deux retables latéraux se différencient par leurs colonnes torses ou cannelées. L’ensemble est réalisé en bois d’épicéa facile à travailler, remarquablement peint.

Le spectacle de ces décors baroques pose immédiatement la question des artistes et de leurs commanditaires. Un tel décor fait de dorures, pampres, grappes de raisin, colonnes torses, angelots, profusion d’ornements et de statues de saints, de lignes courbes et d’effets de lumière demande un ou des artistes pour les réaliser. De même le thème du discours et le choix des représentations, notamment dans le retable, véritable catéchisme auprès d’une population de paroissiens souvent illettrés, demande quelqu’un de qualifié........

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